30 octobre 2009

Sommeil

- Tiens, vous devez vous être endormi... J'entends à peine votre respiration. Dans votre rêve, les rires, les souvenirs, les portes qui se ferment et qui s'ouvrent. Je veille comme j'aime veiller sur les enfants que j'ai portés.
Attendez, je vais vous lire un extrait d'une petite chose que je traîne après moi.
« C'était sûr. Mais je ne le savais pas. Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençais à comprendre. Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation.
Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »
Voilà, c'est de Romain Gary dans La Promesse de l’aube...
Mon seul commentaire puisque vous dormez et que vous ne m'entendez pas sera celui-là : et inversement...

4 commentaires:

Derviche typo matamore III a dit…

Je ne dors pas. Mes journées sont simplement très chargées. "On a jamais les parents qu'il faut" Heureusement, l'amour n'est pas une carte postale Je suis quand même, je n'ai pas besoin d'être le moteur de vos jours

Soleildebrousse a dit…

c'est un commentaire bizarre. Je le prends plutôt mal.
Le moteur de mes jours ?
je ne jouais pas. Moi, j'écrivais seulement.

Soleildebrousse a dit…

Pour qu'il n'y ait pas de malentendus (vu qu'on ne s'entend pas derrière nos mots).. je répète : on avance que si tu avances. On arrête si tu arrêtes. Ok ?

Derviche typo matamore III a dit…

Vivre me suffit, j'y entends ton coeur. Pourquoi prendre mal ce que je dis ? T'ais-je, par exemple, menti une seule fois ? Suis-je d'astreinte là où nous parlions en liberté? Le doute est comme une flèche que tu envoies et c'est toi que tu blesses.
Il faut parfois un peu de vrac pour que l'émergence de ce qui ne saurait se savoir d'avance arrive, pour dégager le grain de l'ivraie.