24 novembre 2009

les satellites

J’ai décidé de bouger. Je veux aller voir ailleurs. On m’a demandé si c’était parce que l’herbe s'y trouverait plus verte. Non, c’est juste que je veux reprendre une contenance, une attitude intérieure sans peur du regard de l’autre. Je me faufile donc dans les limbes et change de nom. Mon visage reste le même, mes mots persistent. Mes idées farfelues, mes ficelles de lin aussi.
Je tire de toutes mes forces pour que la vie m’emplisse et m’inonde. Oui, j’entends vibrer. C’est un appel impérieux. Un de ceux qui vous retournent une femme en moins de deux. Je construis. Mes satellites sont bien ancrés dans le ciel. Ils tournent sans moi. Il suffit qu’ils puissent m’apercevoir de temps à autre par la lucarne de leur cœur. Et même si je mourais, je serais là. Ils le savent. J’ai tout fait pour y être de bonne façon. À ma meilleure image. L’aimante, la douce, la fidèle.

le bonheur du jour

Je ne sais pas vous, mais personnellement j’aime beaucoup l’idée de ne jamais savoir ce qui va se passer dans les semaines qui suivront l’instant présent. C’est une sensation à la fois effrayante et rassurante. L’esprit humain est fait de telle façon qu’il peut toujours se projeter dans un avenir. Il lui suffit juste de pouvoir dépasser la souffrance. La physique, mécanique, épuisante, lancinante, insupportable. La morale, insidieuse, asphyxiante, méphitique. Ainsi la renaissance reste-t-elle possible. Je perçois beaucoup de bonheur en ce moment. La façon dont je décide d’envisager ma vie y est pour beaucoup. Je remercie le rien qui m’entoure de la chose insignifiante qui m’a été donnée.
J’ai décidé d’ouvrir un nouveau carnet. Il me faut y noter, de façon appliquée, un bonheur du jour. Vous me suivez ?

10 novembre 2009

je ne dors pas

Je ne dors pas, le fil invisible dans lequel je me suis entourée avant d’entrer dans le carton me tiraille. Alors même que vous tournez la tête ou que vos paupières grises, aux veines fines à peine bleutées, reflet des yeux gris-bleu que vous refermez, s’agitent en un va-et-vient continu, je sors de mon cocon et ne cesse de m’activer. Voyez-vous, entendez-vous... ? Comprenez-vous ?
Je n’ai pas le temps d’être contemplative. Et puis... et puis, le silence a du bon. Il permet de savoir. La tension. Infime qui relie chaque être à un autre. Dans cette grande toile où je suis entrée, les liens se créent. La dilution est un leurre et quand bien même il en serait, ne dit-on pas qu’il faut se réjouir de ce qui a été et ne pas regretter ce qui n’est pas ?
Je suis proche de Marc Aurèle. Il est ma lumière en ces temps obscurs où nous sommes paralysés par la peur du perdre. J’ai bien dit du perdre et pas de perdre.
N’oubliez pas, vous-même m’avez précisé que nous avions tout notre temps.

08 novembre 2009

Dilution d'illusions


On dirait maintenant
Que c'est vous qui dormez.
Je sais qu'il n'en est rien, que pas plus qu'une autre ne le pouvez aux aires de veille.
Quand l'enthousiasme chargé d'espoirs perd au vent les pièces qui le constituait.
Quand la hauteur prise se retrouve si fluette que l'on se demande ce qu'il y avait pu avoir de si porteur,
C'est encore un vide qui reçoit nos pas et l'inertie s'y perd comme un ruisseau dans l'océan.
Qu'êtes-vous?
Frêle esquif, vous allez apprendre le chahut des vagues.
Goute d'eau, vous y trouverez aussi bien
Les possibles de votre présent
Cette liberté
D'une boite en pâte à papier

02 novembre 2009

En plus j'aime bien


Aimer et être aimé. Je ne vois là aucune fantaisie ou alors je ne suis que cela et cela me va. Le reste s'y trouve contenu. Je sens vos tremblements, votre présence intime en tous vos mots, un peu moins dans ceux que vous empruntez, marchant sur des chemins grossissants votre miroir. Savez-vous que l'Amour m'apprit à voler sans peur du lendemain ? A être dans la confiance de chaque lieu, de chaque espace, partout chez moi et à ma juste place.
Voyez-vous ma main ?
De quelle aide vous serais-je à pelleter une ornière maintes fois éprouvée, là où une sortie en déplacement serait votre tremplin ?

Laissez-vous donc m'embrasser.

Certainement vous y verrez vos fils.

sLv
http://www.ipernity.com/doc/pixelbleu/4457001/

"Même quand il ne se passe rien, il se passe quelque chose."
Ben, inspiré par J. Cage.

30 octobre 2009

Sommeil

- Tiens, vous devez vous être endormi... J'entends à peine votre respiration. Dans votre rêve, les rires, les souvenirs, les portes qui se ferment et qui s'ouvrent. Je veille comme j'aime veiller sur les enfants que j'ai portés.
Attendez, je vais vous lire un extrait d'une petite chose que je traîne après moi.
« C'était sûr. Mais je ne le savais pas. Ce fut seulement aux abords de la quarantaine que je commençais à comprendre. Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation.
Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants. »
Voilà, c'est de Romain Gary dans La Promesse de l’aube...
Mon seul commentaire puisque vous dormez et que vous ne m'entendez pas sera celui-là : et inversement...

28 octobre 2009

Le dictionnaire

- Vous savez, j’ai échoué là par hasard. C’était un carton vide. Je m’en suis emparé. Un carton comme un autre. On ne choisit pas. Enfin, je ne sais pas. Je ne sais rien. Mon âme traverse le temps. Que fait donc la vôtre à se lignifier dans les fibres des cœurs à l’arrêt ? Votre père comme repère. Ce sont des rires en moins dans votre vie. Un guide spirituel, dites-vous ? Qui sont nos guides et sur quels chemins ? Si je me laisse aller, aurais-je davantage de réponses à mes questions ?
D’un carton à l’autre, les jours passent. Les mois effleurent mes sens et s’empilent sans que je sache combien de temps il me reste à survivre. Ça vous dirait que nous parlions de la joie ? Je voudrais être sincère. Considérant que le bonheur peut se compter en centièmes de secondes, je me dois d’être très attentive. Attendez, je feuillette les pages de mon dictionnaire. Il ne faudrait pas partir sur des préjugés. État de grande satisfaction, de plénitude, de bien-être. Voyons-voir les synonymes.. Plaisir, joie, paix et succès…Voici les quatre entrées qu’il me propose. Chacune déployée ensuite dans une multitude de mots proches, qui parfois les projettent à des années-lumière. Savez-vous compter en années-lumière ?
Tenez par exemple, « délice » n’est pas très loin « d’hilarité » et se trouve proche de « silence » et « d’unité ». Les quatre me conviennent très bien. J’ai ce bonheur là quand j’aime et quand on m’aime, moi. Comprenez-vous cette fantaisie ?

26 octobre 2009

Notre Père, qui êtes aux Cieux...

Mon père a existé pour moi et existe encore .
Il m'a accompagné tout au long de ma vie, de différentes manières, toujours la plus juste qui soit.
Pourquoi ne l'aurait-il pas fait puisque j'avais besoin de lui ?
Comment aurait-il pu ne pas répondre à mon appel de détresse traversant toutes nuits ?
ilL était là et je ne voulais pas et donc ne pouvais pas Le voir, alors qu'ill me bordait un chemin de Lumière et d'Amour, où j'apprends tous les jours.
Je sais qu'ilL repose en Paix, maintenant que je le suis aussi.
Que je n'en souffre plus.
Que je vis.

L'Amour n'a pas de frontières, tout le monde le dit, personne ne Le sait dirait-on .

--- tu vois mieux pourquoi il faut faire voter les enfants ?
Les rendre participatifs du regard que nous avons sur le monde ?
Politique dirait-on. Parce que tout le monde voit bien qu'aujourd'hui, ce n'est plus une question de droite où de gauche qui changera les choses. Tu admettras que plus consensuel que ça, c'est plutôt coton
Et clic clac, dans la boite.
Laissez donc l'Amour entrer à la porte du Palais !
De quoi auriez-vous peur dans un aussi petit pas ?
Doutez-vous de l'Amour à ce point ?
Ben moi, je vous tire ma plus belle langue en espérant qu'elle fera des vagues dans votre auriculaire du côté que tu veux
Nos
petits bouts de choux
plus gros que
des baleines ! Des éléphants, des mamousses costaux, des pirepistépreskentrops primatus holalas:)))
Pfuiii, ça fait du bien de rire un peu ---

[ et pis là, je verrai bien une tite musique de jazz, genre Note bleue. C'est à vous, Maestro. Clic clac ? :)
La musique, si on veut gagner du temps sur le circuit Formule 1 que l'on est en train de se faire, on peut la mettre avant le texte, ou au milleu...]

Soyons linéaires :)
Note bleue .

Paravents

- Et paf !
Voila que Madame fait dans le rideau !
C'est qu'elle me piquerait ma place si je n'y prenais garde ! ( rire de pinpin, pas trop long )
Je croyais pourtant qu'il était tacitement convenu que vous auriez
les mots.
Si vous faites de tels virages...
M'enfin, vos désirs sont des ordres.

Heuuu...
Vous disiez ?

Intermède scénique



[ Et là, je verrai bien une tite musique genre Dvorack, Symphonie du nouveau Monde. ]



--- Parce que j'ai tout mon Temps. Crois-tu que je Le passe à le compter ?

Coryphée

Le choeur -
Ainsi déjà après quelques échanges, le silence s'installe au fond d'un des cartons.
Ils sont là qui se regardent. L'un plein de lumière, tenace en sa certitude construite au fil du temps. Elle se dit que peut-être il a eu la simple chance de ne pas mourir.
Elle, elle l'entend. Elle ne sait pas encore si elle a envie de rire ou de pleurer. Elle sait ce qu'il lui tend. C'est une chance à attraper. Un envoyé du ciel ? Elle ricane. Des envoyés du ciel au pays des enfers. Qu'est-ce qu'il en sait lui, de la souffrance ? Il se croit élu. Une once d’or, saupoudrée dans la nuit. Elle ne voit autour d'elle que des abandonnés, des laissés-pour-compte, de miteux, des traine-misère. Elle ne sait pas qu’il est bon. Pas encore. Elle se contente de soupeser le pour et le contre.

Pas entendu

Faut jamais dire jamais :)

Vos frustrations vous égarent ma Chère.
Comment imaginez-vous que je veuille un animal de compagnie, un chien en plus de ça ! Mon chat me suffit bien.

Le temps que je vis comme je le vis, n'est ni une chance ni une impertinence. C'est ma réalité. C'est un fruit qu'il me fut accordé sur le chemin de mes pas. Si je n'en tire aucune fierté, permettez que je le goute à sa juste valeur, que j'en savoure ses dimensions.
Je n'ai pas besoin de vos ficelles. Que je vous aime me suffit bien. Vous savoir au monde me réjoui.
Quand vous souffrez, je souffre.
Là se situe l'épaisseur de mes maux.
Mon ouverture vers vous me rend invisible.

Je ne vois aucune foule.
Que des êtres uniques dans la peur et l'égarement d'eux-même, cherchant parfois réconfort dans un nombre factice et sans tenue, prêts à tous les meilleurs ou les pires.

Je vous rappelle que nous disposons du même carton. Quand c'est trop rouge, c'est sortie de jeu :)
Un endroit où l'on peut réfléchir beaucoup.

le carton

- C’est drôle, je n’ai jamais cru que mon carton avait une ficelle. Vous avez tout votre temps ? Quelle chance et quelle impertinence. Vous semblez si sûr de vous. Je ne vous suis pas. Je ne VOUS suis pas. Je ne vous SUIS pas. Je suis moi. Et mon âme. Toutes deux confondues pour un bref instant sans début ni fin. Si je suis athée ? vous en posez des questions, à l’abri de votre carton. L’athéisme est un concept. Il correspond donc à une définition faite par les hommes et pour les hommes.
La corde dans mon carton, ne seriez-vous pas en train de la tirer vers vous… Avez-vous fait une ouverture ? Parce que moi, derrière mes parois, je ne vous vois pas. Et je ne vous verrai jamais. C’est une chose entendue que nos yeux ne peuvent dépasser l’épaisseur de nos maux, la consistance de nos peaux, l’enfoncement lointain de nos mémoires.
Vous voulez que je vous dise ? Non, bien entendu, vous vous renfrognez dans votre coin, attendant de voir ce que cela pourrait donner, tous ces atomes de mots envoyés dans l’espace de la salle vide. Pourrions-nous changer de conversation ?
Savoir ce que je suis m'indiffère. Je vis.

Un des passeurs

Nous avons tout notre temps.
Rien ne presse aux élancements des rives.
Regardez où nous sommes.
Qu'avons-nous à craindre des chimères d'ailleurs ?
Des anciens voyages qui portèrent ici nos pas.
Nous sommes chez nous.
Quelques jours, quelques semaine, des années...
Qui sait?
Le pain qui vient est de notre apport.
Il s'y multipliera
sLv

Poser une question, c'est se mettre sur le chemin de sa réponse.

Si vous me disiez plutôt ce qu'il vous serait soudainement si urgent d'obtenir ?
Là où votre vie entière n'a, semble-t-il, pas suffit.

Pixel~Ange

Je savais que je me le referais un jour celui-là :)))

Bien sûr que je suis un atome divin.
Comme vous.
Quelle prétention aurais-je à vouloir être plus ?
Vous êtes athée ?
Parlons d'un pixel alors, pour que cela vous paraisse un peu plus tangible.
Vous pouvez l'agrandir à l'infini, il est toujours aussi petit.
Vous pouvez le réduire à l'infini, il est toujours aussi gros.

On peut lui donner une couleur bleue.
C'est pas obligé.

Comprenez que dès lors, je ne suis pas trop assailli de doutes sur ce que je suis. Les vagues noires, mes flots intérieurs me sont sans crainte, en paix dans la lumineuse quiétude du monde.

Heuuu, c'est l'inverse !
Hugh !
.

Sur mon erre

- Connaissez-vous ce texte ?

Sur mon erre
Assourdissante musique que celle de mon cœur
Palpitations invisibles - légèrement arythmiques-
Qui pourraient alerter mon entourage
si elles le pouvaient
J'écoute attentive
L'homélie de celle qui me connaît et me dit de ralentir
Je suis sur mon erre
Ma vitesse me grise
J'hiverne depuis longtemps et ne saurait entreprendre un nouveau voyage
Ma coque est usée, mon navire fatigué
Les reflets de l'eau me cachent et me montrent paisible, visage lisse et sage
Loyauté
Pourtant je sais que je louvoie dans la noirceur de mes eaux intérieures
Et cherche à la sonde vers où diriger mon frêle esquif.
La musique est tendue depuis trop de nuits
Tenuto
Je me retire au fond de ma bannette et me couche en dérive

Miroitement de la lune sur l'homme attentif.

Entre les lignes téléphoniques



- Vous n’êtes rien ? Mais à vous entendre, voilà qu’on s’imagine que vous vous prenez pour un atome divin. J’hésite encore au sens que vos paroles provoquent dans mon cerveau. Filets consubstantiels, presque magiques des connexions nerveuses qui s’établissent et font descendre un frisson dans mon dos. Plus le temps passe et moins j’ai de réponse. Je ne suis pas la seule. M’entendez-vous rire à petits hoquets contractés ? C’est une grande affaire. Dans mon carton, je n’entends rien. Je ressens seulement. Et dans seulement, il y a seule.
Vous semblez, je dis bien semblez, ne le prenez pas mal, savoir déjà qui vous êtes. Métaphore assourdissante.
Laissez-moi un peu de temps… j’ai tellement l’impression d’être encore plus seule depuis que vous vous êtes mis à parler.

25 octobre 2009

Qui je suis ?

Je suis rien.
Je le dis, le répéte, le re-re-dis tout le temps.
C'est un rien inadmissible dans une époque d'obscurantisme intellectuel où il faut être selon les modalités de la culture unique, bien pensante, et où l'autre est exclu.
C'est incompréhensible pour les habitants de la boite. Ils me tueraient s'ils le pouvaient. Ils ont suffisamment essayés pour que je le sache. J'avais beau leurs dire qu'il ne fallait pas recommencer cette vieille histoire.
Ils ne m'ont pas trouvé de croix, ni de clous...
Suis toujours là :)))
Je sais que je suis encore trop.
J'aimerai être encore plus rien. Il me faut attendre.
C'est une joie qui m'ouvre chaque jour comme un nouveau monde où, rassasié de mille façons, ma principale question est : comment puis-je redonner ne serait-ce qu'un peu de cela ?
Je rêve parfois d'un lieu près d'un océan, une cabane, de l'eau, une canne à pêche ou un jardin. Crois bien que je n'aurai pas besoin de beaucoup plus pour vivre dans l'adoration de la vie.
Et de la mienne.
Même si je rêve aussi de ne pas y être seul.
Ce n'est pas un appel
De passage en ce monde, j'ai confiance en demain.
C'est facile puisque je le connais pas
Pas plus que toi.


http://tag-heure.blogspot.com/2008/09/boite-bonbons.html

entendez-vous



- Entendez-vous derrière les parois de carton, les cœurs qui s’affolent ? Pourquoi tenez-vous tant à commencer par le commencement ? Il est des fêlures comme de vieilles tasses de porcelaine. On vous regarde les prendre avec soin. Peut-être on vous envie. Peut-être aussi, aimerait-on vous voir les mettre un temps de côté. Juste pour vous entendre vous. L’homme. Celui qui n’est plus l’adolescent bourré aux tranquillisants.
Je vous parlerai un jour de la mère. Et du père aussi si vous y tenez. Mais la mère sans son père, sans sa mère, sans ses racines arrachées… et le père, sans son passé, sans ses lourdeurs passagères qui pesèrent des années de plomb.
Parler d’amour passagère. Parler d’amour tout court. Ce qu’on croit être de l’amour.

Amour

- Vous me parliez d'amour ? Pardonnez-moi. J'étais partie vraiment ailleurs. C'est un peu à cause de vous et de votre bifurcation violente vers vos quinze ans.

A nulle autre pareille,
La peau de mon amant
A la finesse du pétale de coquelicot.

Sa pâleur m’enivre
Et je m’y noie.

C’est un fil d’acier très pur
Qui relie
Mon cœur à son cœur
Mon esprit à son esprit
Mon âme à son âme

A nulle autre pareille
La force de mon amant
A la solidité du tronc de chêne

Il est un rempart
Qui protège
Mon esprit et son esprit
Mon âme et son âme
Mon cœur et son cœur

Des corps calcinés et grisés
Abandonnés dans le fossé.
La douleur est partout.

bi3i1sai3pa~

Ma mère voulait juste nous éviter une peine, cette peine qu'elle voyait chez elle et imaginait identique chez nous. Cela l'aida beaucoup à ne pas accepter la sienne, à reporter ce moment dont elle craignait la douleur à venir.



Elle aimait lire.
Maintenant, elle fait des mots croisés, son "Wall book's" force 5 sans les cases noires. Moi, ça me rend fou ces trucs. J'essaye même plus d'aller voir. Je peux même parler avec elle quand elle les fait. Elle écoute bien et répond juste.

les listes

- Les listes sont dangereuses. Oui. Elles contiennent de vieux fantômes et des démons non endormis.
Je connais le « Temesta ». C’est quelque chose qui se trouvait dans notre boîte à pharmacie quand j’étais ado. Je n’en prenais pas. Les adultes, oui. Je crois que c’est un produit typique des années 80. Chacun y est allé de sa petite barrette non ?
Pour en revenir aux listes, il me semble qu’on passe son temps à taire ce qu’on a en tête. Bien malin celui qui est capable de dire le vrai du faux.

Evidemment

- Évidemment commencé comme ça, ça vous déroule un homme et vous déroute une femme.
Les femmes, c’est plus simples vues de l’extérieur. Ça parle haut et fort. Ça crie à gorge déployée au cas où, voyez-vous… Mais en fin de compte c’est parfois plus secret.
Tout à l’heure avant d’entrer dans la carton, j’étais dans la voiture et l’on jouait à Bucket List avec ma dernière fille, (la petite.. l’infante comme je l’appelle).
Vous connaissez ? (silence).
Elle m’expliquait que c’était un film un peu triste. Un film dans lequel deux hommes dont l’un mourrait sous peu.. accomplissaient un dernier voyage. Ils y réalisaient leurs derniers souhaits.
Je n’ai pu m’empêcher de lui dire que moi, je ne pourrais pas jouer à cela. Parce que si je devais faire la liste de mes dernières volontés, je ferais de la peine à son père et à elle par la même occasion bien entendu (soupir).

Le fond du puit, le puis du fond

J'ai perdu mon père le jour de mes quinze ans. C'est ce que j'ai trouvé de mieux pour nommer une aventure, certains diront un deuil, qui m'emmena d'un bond jusqu'à l'âge de trente six ans, puis jusqu'à cet instant où je vous parle.
Afin de nous épargner les douleurs de ce choc émotif, ma mère nous fit avaler, mes frères et soeurs également, sauf la dernière bien trop jeune, un calmant : Temesta. Je ne l'appris que bien des années plus tard, au cours de quelque discussion.
Alors comment dire ? Comment dire toutes ces années où il continua de vivre, de diriger ma vie, de m'y aider en me sauvant plusieurs fois, en me barrant des routes trop faciles.
Comment dire puisque j'étais athée comme pas deux, enfant des sciences vulgarisées et surtout de la mécanique, moi qui savait à l'époque le n° de page de presque tous les articles de "Tout l'Univers" et les titres d'OSS 117, genre "Osmose à Formose", Série "Fleuve Noir", collection "Angoisse". Parce que c'était ça chez nous.



Et que l'on se marrait bien.

Craie d'opaline

Remplaçant le parfum de vos cheveux
J'installe des dalles de pierre
Sur les fleurs de mon jardin
Certitudes inventées où je pose mes pieds
Germes de mes illusions pour Vous
Qu'aussi bien un seul mot d'ailleurs
Fleurirait sa douce pulvérisation

Histoires d'amour

Dans les ultimes vapeurs de nos haleines odorantes
Sous les marquises fanées du coton de nos nuits,
La porte claquée, le corps disparu, j’attends,
Dépression naturelle, profonde et abrupte
De nos amours si solidement emmêlés
Je frôle en permanence un gouffre étrange.

Aux bruits, aux cris et aux soupirs endormis
Voici que succèdent les longs silences
Et les innombrables petites misères de ma vie
Soudainement appauvrie.

Paralysie de ma douleur
Tueur de mes hémorragies
Te voici disparition
Dis, quand t’en reviens-tu ?